jeudi 5 mai 2011

Malchance

Qu’ai-je fais pour avoir cette si misérable vie ? J’ai pourtant toujours été gentille et aimable. Pourquoi le mal de vivre m’emporte-t’il ainsi tout les jours ?


Cela fais maintenant trois ans que ma fille est morte de la leucémie. Mon unique fille, si belle et rayonnante qu’elle était à quitté ce monde beaucoup trop tôt. Depuis, les malheurs se succèdent ; mon mari m’a laissée pour un autre, prétendant que je n’étais plus la même. Le mois suivant, ma mère mourut d’une crise cardiaque dans sa douche et pour finir, j’ai appris il y a quelques mois que je souffre du cancer du sein.

J’ai eu de très dures années. Par chances, il me restait ma pharmacie, la seule et unique raison qui me gardait en vie. Là, je travaillais sans arrêt, tout en essayant de concilier cela avec mes nombreux rendez-vous avec mon médecin et ma psychologue. Celle-ci disait de moi que j’étais suicidaire et dépressive. Comment être heureuse de cette vie médiocre. Elle me prescrivit des antidépresseurs qui m’aidèrent à passer à travers ces longues journées, ces interminables semaines. L’idée de mourir me passait souvent par la tête, mais j’étouffais ces pensées par le travail.

Ce matin-là, j’en avais assez. J’en avais assez de cette vie, de moi. Je voulais en finir une fois pour toutes. L’idée de ne plus jamais souffrir me procurait tellement de bonheur que nul ne pouvait s’imaginer à quel point cet acte me donnait des ailes. Ce matin-là, ma douche fut plus longue et mon café fut le meilleur de tous. Je pris une photo de ma fille et je parti à ma pharmacie. Une fois à l’intérieur, je barrai la porte derrière moi. Ainsi, la pharmacie allait être fermée pour la journée. Je me dirigeai à l’arrière du commerce, là où tous les médicaments étaient. J’avalai tout ce qui me passa sous la main. Ce merveilleux mélange allait enfin me libérer, me disais-je. Je me fis couler un grand verre d’eau froide que je déposai tout près de cet amalgame divin. Puis, j’écrivis une lettre à ma fille. Tout ce que j’aurais rêvé lui dire se tenait sur ce bout de papier. Des années de douleur y étaient écrites. C’est ensuite que je passai à l’acte. Avec tout le courage que j’avais en moi, je pris une grande respiration et j’avalai tout d’un coup. Je n’eu pas le temps de prendre une gorgée d’eau que ma tête tournait déjà. Puis, plus rien.
Inutile de vous dire qu’aujourd’hui, après avoir raté mon coup, le mal de vivre est encore plus gros. Me voilà confinée dans une satanée chaise roulante, avec un cancer du sein avancé et un suicide manqué dans les pensées.

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